« Ce n'est pas le malheur, c'est le bonheur, le bonheur insolent, il est vrai, qui conduit à l'aigreur et au sarcasme. »
« Dieu seul a le privilège de nous abandonner. Les hommes ne peuvent que nous lâcher. »
« Les avantages d'un état d'éternelle virtualité me paraissent si considérables, que, lorsque je me mets à les dénombrer, je n'en reviens pas que le passage à l'être ait pu s'opérer jamais. »
« S'il entre dans la lucidité tant d'ambiguïté et de trouble, c'est qu'elle est le résultat du mauvais usage que nous avons fait de nos veilles. »
« Certains ont des malheurs; d'autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à plaindre? »
« J'aime lire comme lit une concierge: m'identifier à l'auteur et au livre. Toute autre attitude me fait penser au dépeceur de cadavres. »
« Marcher dans une forêt entre deux haies de fougères transfigurées par l'automne, c'est cela un triomphe. Que sont à côté suffrages et ovations? »
« Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même, sans peur ni regret. Nul ne descend en soi tant qu'il demeure esclave du passé ou de l'avenir. »
« Je rêve d'un confesseur idéal, à qui tout dire, tout avouer, je rêve d'un saint blasé. »
« Avec le recul, plus rien n'est bon, ni mauvais. L'historien qui se mêle de juger le passé fait du journalisme dans un autre siècle. »
« Celui qui redoute le ridicule n'ira jamais loin en bien ni en mal, il restera en deçà de ses talents, et lors même qu'il aurait du génie, il serait encore voué à la médiocrité. »
« La seule manière de nous acheminer vers l'universel est de nous occuper uniquement de ce qui nous regarde. »
« La grande chance de Nietzsche d'avoir fini comme il a fini. Dans l'euphorie! »
« Le sage est celui qui consent à tout, parce qu'il ne s'identifie avec rien. Un opportuniste sans désirs. »