« Dès qu'un enfant comprend quelque chose, il se produit en lui un mouvement admirable. S'il est délivré de la crainte et du respect, vous le voyez se lever, dessiner l'idée à grands gestes, et soudain rire de tout son cœur, comme au plus beau des jeux. »
« Pour mon goût, voyager c'est faire à la fois un mètre ou deux, s'arrêter et regarder de nouveau un nouvel aspect des mêmes choses. »
« Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-même. »
« Plus d'un homme instruit en est à ignorer que le seul moyen de changer d'idée est de changer d'action. Tous les passionnés exorcisent d'abord les pensées par des pensées, et bien vainement. L'ancien exorcisme, par le geste, était le plus sage. »
« Le travail a des exigences étonnantes, et que l'on ne comprend jamais assez. Il ne souffre point que l'esprit considère des fins lointaines; il veut toute l'attention. Le faucheur ne regarde pas au bout du champ. »
« Désordre dans le corps, erreur dans l'esprit, l'un nourrissant l'autre, voilà le réel de l'imagination. »
« Il est bon d'avoir un peu de mal à vivre et de ne pas suivre une route tout unie. »
« L'algèbre ressemble à un tunnel; vous passez sous la montagne, sans vous occuper des villages et des chemins tournants; vous êtes de l'autre côté, et vous n'avez rien vu. »
« Le doute est le sel de l'esprit, sans la pointe de doute, toutes les connaissances sont bientot pourries. »
« L'erreur de Descartes est de meilleure qualité que la vérité d'un pédant. »
« Ecrire est toujours un art plein de rencontres. La lettre la plus simple suppose un choix entre des milliers de mots, dont la plupart sont étrangers à ce que vous voulez dire. »
« L'erreur du critique est de chercher l'essence, et de nier l'existence. »
« Si les pédagogues ne sont pas détournés vers d'autres proies, il arrivera que les instituteurs sauront beaucoup de choses, et que les écoliers ne sauront plus rien du tout. »
« Tel est l'art de l'aède, qui est comme la mémoire des guerriers. L'orateur et le poète sont soumis à cette condition de se conformer à une sorte de modèle de leur parole; sans quoi on entend mal se qu'ils disent. »